HUMAIN
Humain convie à une réflexion sur la déconnexion humain-nature qui marque notre rapport au monde de manière même inconsciente.
Nous vivons dans une culture de séparation entre nous et ce qui nous environne, une sorte de disjonction tellement ancrée que nous la pensons immuable. D’où vient cette déconnexion? Cette manière d’être au monde est-elle universelle? Pouvons-nous renouveler nos relations aux mondes qui nous entourent? Si oui, comment opérer ce virage?
Nous croyons qu’un retournement est possible si nous prenons conscience de nos insensibilités et de ce qui les cause. Nous pouvons changer nos perceptions si nous nous exposons à d’autres manières d’être en relation, à d’autres idées ou courants de pensées qui font sens. Ainsi, lorsque nous avons côtoyé des agroécologistes, nous avons découvert un monde immensément riche en pratiques alternatives, un monde empreint du désir de nourrir la communauté dans le respect de la vie et de la biodiversité.
Dans cette section, nous tenterons d’inspirer et de créer des chemins alternatifs. Nous partagerons la contribution d’auteur.es qui nous paraissent signifiants et dont les idées et pratiques insufflent des remises en question transformatrices de nos manières d’être au monde, de faire monde ou faire société avec l’ensemble du vivant. La littérature actuelle offre une abondance de contributions provenant d’artistes, d’anthropologues, de philosophes, écopenseur.es et militant.es favorisant un repositionnement de nos perspectives et accordant une place centrale aux processus relationnels de l’humain avec le vivant c’est-à-dire la faune, la flore, la forêt, les bactéries, ce qui nous habite et nous entoure.
Dans cet extrait du film Humus, Mélina Plante partage une réflexion qui met en lumière la perspective anthopocentrée dans laquelle nous baignons et qui teinte notre regard sur les autres espèces vivantes.
Dans le plurivers, chaque être vivant a son propre univers, sa propre perspective sur ce qui l’environne.
Perspective de l’humain sur la punaise embusquée : insecte hémiptère du genre Phymata. C’est un redoutable prédateur et donc un grand allié des cultures.
Perspective de la punaise embusquée: « Je bouffe des insectes. Toute la journée. Gare à ceux qui passent à portée de ma patte crochetée! Je n’en échappe pas un. Ce bout de terrain est fantastique. Je trouve tout ce qu’il me faut sans me fatiguer. J’en oublie les oiseaux ou les grenouilles qui pourraient me tomber dessus.»
Un grand merci à l’Insectarium de Montréal pour l’identification de l’insecte.
Vinciane Despret : « Du fait de l’interdépendance foncière de tout existant, les récits de chacun des vivants s’emmêlent, se croisent, s’écrivent les uns sur les autres. Les bactéries écrivent leurs projets dans le corps de leurs hôtes, les oiseaux dans les graines de fruits qu’ils transportent pour leur permettre d’autres rencontres, les abeilles mâles portent le récit des fleurs qu’elles butinent et les fleurs elles-mêmes portent, sous formes de récits incorporés (parfums, couleurs et formes), les projets des abeilles. »
Le philosophe Baptiste Morizot questionne la place que s’est accordée l’humain par rapport aux +- dix millions d’espèces vivant sur la planète. Il existe des millions de Manières d’être vivant.
Aurélien Barrau explique qu’il faut réfléchir en termes de « vivant » plutôt que de « biodiversité », afin de bien comprendre que la catastrophe écologique menace directement nos vies. Il appelle à une révolution plutôt qu’à une transition et explique que « l’ampleur du désastre est à la démesure de notre responsabilité.»
Intervention de Philippe Descola lors du colloque « Comment penser l’Anthropocène ? », Collège de France, Paris.
Livre de Philippe Descola
L’anthropologue rappelle que l’opposition entre nature et culture, loin d’être universelle, ne constitue qu’une façon parmi d’autres d’objectiver la réalité. .
Ce philosophe affirme que l’humain est « jardiné » par la nature, à laquelle nous sommes totalement reliés physiquement.
Livre de Ghassan Hage
Dans un monde régi par la domestication, le loup et le musulman apparaissent comme deux grandes figures fantasmatiques menaçant la « civilisation ». Pour illustrer cela, Ghassan Hage propose une nouvelle articulation des questions postcoloniale et écologique.
L’historien Denys Delâge pose son regard sur le castor dans l’univers symbolique autochtone (mythes et rituels) et dans la perception coloniale (traite des pelleteries jusqu’à la quasi-extermination de l’animal).
L’émission s’intéresse, entre autres, à l’occupation territoriale post-croissance, à l’autonomisation des communautés locales, aux perspectives autochtones, aux savoir-faire traditionnels, aux technologies « low-tech », aux communs, aux initiatives de transition et au renforcement du vivant.
Louis Robert. Le combat dans les corridors politiques. « Mes tribulations ont alimenté l’actualité. Je ne suis pourtant pas monté au front pour débattre ou défendre une cause, j’ai plutôt témoigné d’une situation qui était inacceptable tant elle mettait en jeu à la fois notre sécurité alimentaire et notre santé.»
Documentaire de Kim O’Bomsawin
Je m’appelle humain propose une incursion dans l’histoire d’un peuple multimillénaire aux côtés d’une femme libre qui a consacré sa vie à transmettre son savoir et celui de ses ancêtres. Dans sa langue, « innu » veut dire « humain ».
Documentaire de Cyril Dion
Changement climatique, sixième extinction de masse des espèces… D’ici cinquante ans, le monde de Bella et Vipulan, 16 ans, pourrait devenir inhabitable. Ils ont beau alerter mais rien ne change vraiment. Alors ils décident de remonter à la source du problème : notre relation au monde vivant.