La fabrication des documentaires m’a conduit au cœur d’un questionnement radical concernant notre responsabilité comme filmant. Nous fabriquons des représentations et participons à perpétuer des cultures. Récemment, il s’est donc imposé une pause : une attention sur l’éthique, sur le pouvoir, sur la répétition des cultures-représentations de l’invisibilisation qui m’ont directement conduites à l’anthropologie visuelle, et finalement à l’anthropologie tout court.

À partir de là, mon exploration m’a relié aux thèmes de la décolonisation, des pouvoirs du filmant dans les représentations, des pouvoirs inconscients que l’on s’octroie comme cinéaste, sur l’altérité et nos rôles de traduction et finalement, sur nos rapports sensibles avec le vivant (via les courants en anthropologie de l’environnement, Ontological turn etc.) et finalement, dans un monde d’écoethnologues où il est question d’une coexistence des rapports relationnels aux vivants incluant une écologie des relations.  L’angle d’approche qui m’a immensément interpelé appartient au tournant ontologique où la rencontre avec la matrice moderne naturaliste et matérialiste dualiste dévoile notre rapport singulier mais non universel,  à ce monde et que nous avions intégré comme le seul rapport au monde.  Cette collaboration à ce site, j’use de ce nouveau bagage qui nourrit ma réflexion face au film et face aux actions futures.